Une récente assemblée d’opticiens, autour de Frédéric Bizard pour la présentation de son dernier ouvrage « Complémentaires santé, Le Scandale ! » nous a permis de nous conforter dans notre parti pris envers et contre les réseaux, qui nuisent à la qualité de nos services, de nos produits, et donc de vos équipements et de votre prise en charge. Explications.
Nous avons participé le 28 avril dernier, à Strasbourg, à une assemblée de professionnels de l’optique pour évoquer la question épineuse des réseaux. Car force est de constater que, même si les mutuelles font bien leur travail, les dits réseaux, qui leur proposent de réaliser des économies en favorisant un partenariat avec des enseignes, ont aujourd’hui la main mise sur ce secteur de la santé. Sous le couvert de négociations, ils obligent les opticiens à baisser leurs prix, ce qui signifie réduire la qualité de nos services, de nos produits, de vos équipements, montures et verres et donc devenir des « marchands de lunettes ».
Ils sont aujourd’hui six à dicter les règles en termes de prix : Carte Blanche, Itélis, Kalivia, Optistya, Santéclair et Sévéane, dont vous ne soupçonnez même pas l’existence, et qui pourtant, apparaissent très certainement sur votre carte de tiers payant, celle de votre mutuelle. Ce sont eux qui vous indiquent vers quels professionnels de santé vous tourner pour vous faire réaliser des économies, imposent des restrictions à ces mêmes professionnels, et donc les encouragent à vous équiper à moindre frais, en rognant sur la qualité, la longévité et le confort.
Les réseaux, un scandale médical et économique
En ce sens, l’assemblée de Strasbourg n’a fait que nous conforter. Elle avait pour support, la présentation du livre de Frédéric Bizard « Complémentaires santé, Le Scandale ! » (éditions Dunod, janvier 2016) par son auteur, économiste, spécialisé sur les questions sociales et de santé.
Lequel nous a ainsi rappelés que :
- Les réseaux exercent une pression permanente sur les professionnels de santé : leur volonté est d’avoir un fort volume d’assurés et de cotisations, pour avoir assez de clientèle à proposer aux affiliés, pour ensuite imposer une grille tarifaire et un protocole des pratiques, améliorer la couverture des assurés, gagner des parts de marché et enfin s’assurer et augmenter leurs gains.
- Les réseaux sont des structures sans compétences médicales.
- Les réseaux ont un modèle économique 100% financier : ils n’incitent pas à la qualité des prestations, mais à une baisse des remboursements (dans le réseau ou hors réseau avec les remboursements différenciés) contre un volume d’adhérents.
- Les réseaux augmentent les dépenses de santé : ils encouragent à la baisse de la qualité des produits, ce qui oblige à un renouvellement plus fréquent car l’équipement s’abîme plus vite. De plus, à l’origine, le ticket modérateur a été créé pour qu’en participant, le client ne surconsomme pas. Les réseaux le remboursent créant ainsi une surconsommation. Et enfin, ils proposent de rembourser tous les 2 ans une paire de lunettes, ce qui n’est pas forcément utile.
Les réseaux contre la qualité
Ce qui va à l’encontre de la liberté de choix des patients : l’assuré peut devenir captif du professionnel de santé, d’où un effort moindre de ce dernier pour répondre au besoin de son client. Article L1110-8 du code de la santé publique « le droit du malade au libre choix de son praticien et de son établissement de santé est un principe fondamental de la législation sanitaire ». Personne ne doit vous forcer à aller chez un partenaire.
Ce qui favorise une médecine à deux vitesses : d’un côté, la médecine en réseau qui permet de réguler les secteurs de santé en négociant l’offre et la demande de soins, mais sans compétence médicale, d’un autre, la médecine hors réseau avec liberté de choix pour le patient et liberté de décision thérapeutique pour le soignant.
Ce qui nuit à l’indépendance professionnelle des soignants : les réseaux prennent en main l’activité des professionnels libéraux, ce qui est contraire à nos engagements déontologiques. Nous devons conserver notre indépendance car c’est une condition primordiale à l’égalité de prise en charge des soignés. D’autre part, nous devrions suivre leurs règles mais en restant responsables de nos actes devant les juridictions pénales, civiles et disciplinaires.
Nous devons donc dès aujourd’hui lutter contre les réseaux de soins, par la voie judiciaire, la voie législative mais aussi par notre action individuelle, afin d’obtenir leur suppression.
REMILLY OPTIC
Crédit Photos : ZéRo RéZo